Dans la continuité de On se marre quand même bien en ZEP , voici un petit exemple :
un vendredi matin, à la récréation de 10h, une prof d'Anglais me demande si c'était possible que je prenne toute sa classe de 6e car elle a une réunion à laquelle il faut absolument qu'elle participe. Elle me donne une série d'exercices à faire pour les petits cons élèves et me dit qu'elle devrait être de retour au bout d'une demi-heure.
Exceptionnellement, j'ai accepté alors que je n'ai pas le droit de prendre plus de 8 élèves d'un coup (je n'ai pas le statut de prof, je ne suis pas formé).
Je connais assez bien la classe en question car je les ai en accompagnement et en aide aux devoirs à deux autres heures de la semaine.
Bref, je vais chercher les élèves et je les amène à la classe.
"Elle est où madame V. ?"
"Dans ton cul. Elle arrive dans pas longtemps. En attendant, vous allez travailler avec moi."
Tout se passe plutôt bien, sauf avec Zara, dont la famille a un abonnement au collège puisque chaque année, ils sont 4 (1 par niveau), et ce, depuis 4 ans. (il y en a encore 2 qui arrivent aux rentrées 2010 et 2011, encore pire que les autres apparemment).
Zara donc, qui n'a toujours pas ouvert son cahier alors qu'on est en classe depuis 15 minutes, n'a apparemment pas non plus de stylo (à quoi ça sert un stylo au collège, hein ?)
Je ne vais pas m'étendre sur tout ce qu'a fait Zara pendant le cours, à la recherche d'une âme charitable qui pourrait lui en prêter un ; j'irai directement à la conclusion : j'ai pris son carnet pour lui mettre un mot car elle n'arrêtait pas de déranger le cours (ouais, trop sévère !).
Et la petite Zara, du haut de ses un mètre moins vingt, de me sortir : "ben de toute façon, tu seras jamais un bon prof d'anglais. Ça se passera pas comme ça, tu verras. J'irai voir la principale adjointe, c'est pas fini !"
Effectivement, elle l'a vue, la principale adjointe.
Quand je suis retourné en salle des profs à 11h, j'ai raconté à Mme V ce qu'il s'était passé.
"Oh mais elle se prend pour qui ?! Fais un rapport ! Tiens, je te donne une feuille"
Résultat : je fais mon rapport d'incident et Zara se retrouve dans le bureau de la principale adjointe à midi.
Alors, quelle sanction va-t-elle bien pouvoir lui donner ?
Une heure de colle ? Une exclusion ? Un rendez-vous avec les parents ? Nooooooooooooooooooooon.
Elle devra m'écrire une lettre d'excuses en français ET en anglais !
Je rappelle que la gamine est en 6e et que les 4e de ce collège ne savent pas conjuguer le verbe avoir au présent en anglais !
Ça nous donne donc un magnifique truc que je me dois de partager (j'ai enlevé les prénoms bien entendu).
Pour ceux qui n'arrivent pas à déchiffrer, ça donne :
je m'exuse de tavoir parler comme sa, et je ne ne le referer plus jamais. Je suis s'insérement désolé, je me suis mal comporté. je n'oubliré plus mes afaire comme ma trousse. Je me santer plus, je ne s'avé pas me contrôler, pas dutout. Il ma énerver parce que ses mon nouveaux carnet.
Vous remarquerez le passage du tu au il que j'apprécie beaucoup.
Et oui, ce qui l'a le plus énervée, c'est que je mette un mot sur son carnet tout neuf (puisque les 2 précédents étaient déjà plein de mots !).
Mais là où on se marre, c'est dans la version anglaise. Je ne me moquerai pas de l'élève qui en 6e ne pouvait évidemment pas faire grand chose, mais plutôt de la personne qui a donné la punition...
I'm excuse my have speak. I'm no more never, I'm sory, I'm mean. I'm forget more afaire a pencil-box, I'm feel more, I'm have more.
he
Du Shakespeare, je vous dis.
Il est intéressant de noter que suite à son comportement insupportable dans tous les cours durant tout le trimestre, le père a été convoqué par les professeurs. Il s'est trouvé que je suis passé ranger quelque chose dans mon casier quand il était là et qu'on a pu parler de l'incident :
- 2 mois après, il n'était toujours pas au courant.
- selon lui, si sa fille n'a pas été exclue quelques jours pour ça, c'est que notre chef n'a pas bien fait son boulot
("ah ben on est bien d'accord avec vous !" avons-nous tous répondu en cœur)
- "dès qu'elle ouvre la bouche pour dire une bêtise, vous m'appelez, j'arrive".
Depuis, Zara s'est arrêtée de faire l'idiote et s'est mise à travailler.